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Médée / En-corps  [ le monde ou rien ] 

Performance, Palais des Beaux-Arts de Lille / 28 mars 2018

​Serge Turbé - Auteur/Metteur en scène

​Julie Duquenoy - Performeuse/Direction Artistique

​&

Collectif L'Eternel Instant

Médée / En-corps n'est pas une représentation

Ni drame psychologique bavard (un de plus) mettant aux prises d'antiques personnages trop humains.

Ni mise en forme esthétisante et muette (une de plus) d'un mythe dont la signification plus qu'humaine nous serait à jamais devenue étrangère. 

Médée/en-corps est une tentative, une proposition de présentation d'un absentement : celui d'une femme qui s'exclut du monde des semblants.

Le désir de Médée n'est plus la marque d'un manque : c'est Médée en personne qui se dérobe. Médée ne désire plus (ceci ou cela) : elle est désir. Elle affirme la nécessité de l'Amour Absolu. 

Se dépossédant de tout (jusqu'à ses enfants), Médée ne manque plus de rien. Ingouvernable, ayant définitivement mis bas-les-masques, elle échappe radicalement à l'aliénation du convenable, de l'uniformisation. Elle accède à la jouissance Autre, singulière : celle d'exister enfin.

Par Médée l'Etrangère c'est une Idée qui se montre : le monde ou rien.

Le mythe / Un vrai mot est toujours un serment

Médée, très jeune princesse de Colchide, tombe éperdument amoureuse de Jason, prince Thessalien ayant fait un long voyage en mer pour venir dérober la Toison d'Or.
Médée aide Jason en trahissant les siens, s'enfuyant avec lui et allant jusqu'à tuer et mettre en pièces son propre frère pour couvrir leur fuite.

Son amour la fait encore user de ruse et de magie pour pousser les filles de Pélias, oncle de Jason et roi de Thessalie à faire boullir leur propre père dans un chaudron.


Mais si Médée peut ressembler à Bonnie (Parker), Jason n'a pas grand chose d'un Clyde (Barrow).

Dans leur fuite, leur exil, Médée et Jason auront deux fils. 
Cependant, arrivés à Corinthe, Jason trahit Médée pour le lit d'une princesse "moins barbare".

Le mariage se prépare.

Pour Médée c'est l'hébétude, la dépression, la fureur, la haine.
 La vengeance se prépare, d'autant plus excessive qu'elle n'a pas l'habitude de manger froid. Le plat sera certes atroce, mais c'est la condition pour que Médée se libère enfin des chaînes dont elle s'est elle-même affublée pour l'amour d'un lâche.

Tel est pour elle le prix à payer pour se sentir enfin exister.

Paroles & Performance

Paroles

Dans Médée / En-corps, Julie Duquenoy ne dit aucun texte : elle profère des paroles. Les paroles écrites par Serge Turbé sont plutôt un pré-texte avec lequel vient se tisser l'élan, le désir de la performeuse. Celle-ci s'empare d'une chaîne (les paroles) avec laquelle, fidèle, elle trame quelque chose : l'impossible. 

Médée - Performance :

s'y nouent, infiniment, un horizon et une femme debout,

s'y trame quelque chose, non pas dans l'ombre mais, décidément, en plein soleil : le texte du désir - le monde ou rien.

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